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Je suppose que ce poisson, avec ses congénères bien entendu, est la cause
du non-franchissement de la Loire, entre Rezé et Nantes, du bateau de la
Belle, trait d'union entre Celtes et Pictons.
La cause en est le remore.
proposé par Jerôme Joy.

Tiré de PLUTARQUE, OEUVRES MORALES.TOME III :
LES SYMPOSIAQUES, OU LES PROPOS DE TABLE : LIVRE II
Traduction française : D. RICHARD - AUTRE TRADUCTION française : Victor BÉTOLAUD, Oeuvres complètes de Plutarque - Oeuvres morales, t. III , Paris, Hachette, 1870.

OUESTION VII.

Du poisson appelé remore.

Chérémonianus de Tralles, un jour qu'on avait apporté des poissons de toute espèce, nous en montra un qui avait la tète longue et pointue; et il nous dit qu'il ressemblait au remore, qu'il avait vu un de ces poissons en naviguant dans les mers de Sicile, et qu'il avait été fort surpris de voir qu'il eût la propriété de retarder sensiblement la marche du vaisseau, jusqu'à ce que le marinier de la proue le surprit attaché au flanc extérieur du vaisseau. Quelques uns des assistants se moquèrent de Chérémonianus, d'avoir adopte un conte fait à plaisir, et qui n'avait aucune vraisemblance. Il y en eut d'autres qui rapportèrent plusieurs exemples des antipathies naturelles. Ils dirent que l'éléphant en fureur s'apaise à la vue d'un bélier ; que la vipère s'arrête quand on la touche avec une branche de hêtre ; qu'un taureau sauvage s'adoucit si on l'attache à un figuier ; que l'ambre attire tous les corps légers excepté le basilic, et tout ce qui est frotté d'huile ; que la pierre d'aimant n'attire point le fer quand il est frotté d'ail ; que tous ces effets étaient attestés par l'expérience, mais qu'il était difficile, pour ne pas dire impossible, d'en connaître les causes.

Je leur observai que ce n'était point là résoudre la question, mais l'éluder. «Nous voyons, leur dis-je, qu'on prend 236 faussement un grand nombre de faits qui se suivent, pour causes les uns des autres; c'est, par exemple, comme si l'on prétendait que l'osier, en fleurissant, fait mûrir le raisin, parce qu'on dit communément :

Si l'osier est en fleur, le raisin va mûrir;

que les champignons qui viennent aux mèches des lampes font que ciel se trouble et se couvre de nuages ; que les ongles crochus sont la cause et non le symptôme ordinaire d'un ulcère dans les intestins. »

Comme donc ces faits tiennent à des accidents divers qui sont produits par les mêmes causes, je crois aussi que c'est une même cause qui retarde la marche du vaisseau et qui attire le remore. Quand le vaisseau est sec, et que l'humidité ne l'a pas encore trop pénétré, il est tout simple que la quille, en entrant dans l'eau avec beaucoup de légèreté, fende aisément les flots, qui cèdent sans peine à un bois bien propre et bien net. Mais quand le navire, bien imbibé d'eau, a amassé beaucoup d'algue et de mousse, alors le bois de la quille frappe les flots avec moins de force, et les vagues, qui viennent donner contre cette masse épaissie, ne se divisent plus aussi aisément. Voilà pourquoi les matelots ont soin de nettoyer les parois du vaisseau de la mousse et des herbes qui s'y attachent, et auxquelles le remore s'accroche facilement, à cause de leur mollesse. On a donc cru que ce poisson était la cause de ce retard dans la marche du vaisseau, au lieu qu'il n'en est qu'un accessoire.

source: http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/sympos2.htm
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