Recherche en droit - en art
Notes_110319
par Fabrice Gallis.
Petite tentative de définition d'un contexte de travail.
Un travail artistique ne se donne jamais entièrement.
S'il s'agissait d'un tunnel ouvert vers une vérité quelle qu'elle soit, il serait très probablement enduit d'une poix collante.
On pourrait plutôt parler d'une sorte de complexe, un moment fugace où la perception prend une place importante, mais autour duquel d'autres nuages s'amoncellent.
L'erreur, le doute, la mégalomanie, l'esquive ou la chance du débutant sont autant de principes que l'on peut y trouver. Autant dire que si vérité il y eut, elle se voit bien vite floutée, par ces filtres dont la liste, vous le comprendrez n'est pas exhaustive.
Au sein de cette couronne s'agite aussi beaucoup le langage. Des commentaires, certes, mais aussi de la langue pour la langue. On en parle, ça nous parle, on pourrait même dire que "ça" bavarde sec.
C'est justement là, dans le piaillement autour de l'art que l'on peut tirer un fil vers le rapport de l'art à la vérité.
Comme on ne peut pas attaquer l'art de front, c'est par un coup de hanche à droite que j'opérerai.
- En Droit -
J'éprouve un réel plaisir à écouter des juristes parler, d'une part par l'espace-temps qu'ils considèrent comme réel, et ensuite par le rapport à la vérité qu'ils entretiennent. Il en va de même d'ailleurs pour les assureurs, qui n'ont de cesse de décortiquer le réel en conditions logiques toutes orientées dans le même sens.
Quand un juriste utilise l'expression magnifique "en droit", ceci est vrai "en droit", "vous existez bien, en droit", il se réfère à un domaine déjà cohérent, codé, à une couche du réel qui est connue de la galaxie des juristes mais qui reste accessible à l'ensemble des être doués d'une intelligence humaine ou supérieure, via un travail de médiation.
Cette expression, en ponctuant le discours, actualise le contexte de la conversation. Elle la situe encore et encore au sein d'un univers bien défini. Tout se passe comme si ce qui est en train d'être dit, n'était pas vrai, qu'il s'agissait vraisemblablement d'une fiction logique, d'une utopie locale, ou d'une entourloupe.
Ce domaine d'existence - en droit- dans le langage, m'apparaît finalement assez proche de ce que l'on peut rencontrer en art.
Effectivement le droit s'occupe de situations concrète, en y tentant un arbitrage juste - en droit - qui aura sur le réel de véritable conséquences. Bien évidemment, comme dans tous les codes, une grosse partie du droit est destinée à cadrer le code lui-même, ses zones d'application et ses inévitables surempattements, parfois aux dépends de son application.
En art, on trouve une analogie assez juste -en droit- de ce rapport spécifique au langage. Il est assez fréquent de ne pouvoir créditer une oeuvre de vrai ou absolue, tant en son sein naviguent les artefacts de l'ego, les projections subjectives. Même si le code de l'art n'est pas aussi structuré et cohérent que celui du droit, on observe tout de même une logique qui peut aussi bien s'avérer historique, culturelle, formelle, matérielle ou simplement circonstancielle.
Le langage tient dans cette nébuleuse une place de choix. On a d'ailleurs coutume de l'employer pour évoquer ce que l'on a sous les yeux pendant qu'on le regarde, une fois qu'on ne le voit plus, et quand on l'a complètement oublié. C'est souvent le langage qui rend supportable la présence de l'art, qui tempère, ajuste, éclaire puis cache les zones obscures et dérangeantes que l'art, lui, jette au grand jour.
- En Art -
Alors, pour parler de recherche en art, puisque c'est ici mon sujet, j'emploierais l'expression beaucoup plus précise de recherche -en art-. Placer le moment de la recherche dans le langage soumet la vérité à certaines conditions.
Ces conditions sont souvent locales.
La vérité - en art - existe, je l'ai rencontrée.
Un phénomène tout a fait incongru devient vite - en art - un principe immuable ou une grandeur physique, une base inébranlable à de futures et essentielles constructions.
Si cette immuabilité - en art - est effective, peut-être ne durera-t-elle que le temps de la phrase.
La recherche - en art - peut donc faire et défaire ses théories, les réfuter avant de les énoncer, et les transformer en poutre, ce qui, vous en conviendrez, présente un gain de temps et d'énergie considérable.
La quantité d'énergie économisée par une centrale génératrice - en art - pouvant résoudre de nombreux problèmes de développement durable, sera abordée dans une future théorie thermodynamique unifiée -en art-.